L’environnement politique congolais à l'épreuve des violences basées sur le genre : analyse du risque psychosocial et des déterminants sociaux

Résumé

Introduction En 1993, l'Assemblée générale des Nations unies ratifie la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes qui est le premier instrument international à combattre explicitement cette violence et qui fournit un cadre d'actions national et international. Le premier paragraphe reconnaît ces violences comme une négation des droits humains et le second inscrit les violences envers les femmes dans l'analyse structurelle du genre. Dans un souci d'exhaustivité, la déclaration évoque à la fois toutes les situations où les femmes sont particulièrement à risque de subir des violences et les multiples formes que celles-ci peuvent prendre. La présente étude traite de la problématique des violences basées sur le genre dans l’environnement politique congolais, avec un focus sur les violences faites exclusivement aux femmes politiques. L'objectif poursuivi est d'examiner ces violences à travers l'analyse de leurs déterminants sociaux et leurs conséquences psycho – sociales.

Méthodologie : Il s’agit d’une étude multicentrique et analytique, réalisée en 2022, dans sept villes urbaines (Kinshasa, Lubumbashi, Likasi, Kalemie, Matadi, Goma et Kolwezi) et trois zones rurales (Pwento, Kasumbalesa et Beni) de la RDC. Des témoignages ont été recueillis auprès de la population cible (n : 229) constituée des femmes exerçant un mandat politique (députée et/ou sénatrice) et/ou une fonction politique directeur ou indirecte (membre du gouvernement, de cabinet politique, responsable d’une municipalité, mandataire d’un établissement public et/ou militante d’une formation politique). La collecte de données anonyme, sur base d’un questionnaire d’enquête en ligne ou administré par une équipe d’enquêteurs, a combiné la méthode quantitative et la méthode qualitative. Ce questionnaire était structuré autour de variables relatives à l'existence des différentes formes de violences envers les femmes ainsi que de leur fréquence, déterminants et conséquences.

Résultats : En RDC, le milieu politique demeure un environnement d'inégalités de genre marqué par l'accaparement des positions et des statuts par les hommes au détriment des femmes et des jeunes. Il s’agit dans ce contexte, d’un espace générateur de violences basées sur le genre. Notre étude relève une prévalence de 81% des violences à l'égard des femmes dans l’environnement politique Congolais. 185 sur 229 femmes interrogées affirment avoir été victimes, au moins une fois, d'une forme de violence quelconque. Les violences sexuelles (y compris le harcèlement sexuel) arrivent en tête avec un taux plus élevé (52%), les violences verbales (18%), les violences physiques (15%) et les violences psychologiques (13%) sont respectivement les formes de violences les plus récurrentes, 3% représentent tous les autres types de violence. La prévalence de ces violences et leurs conséquences deviennent de plus en plus significatives autant qu'inquiétantes et les constats, qui s’en dégagent, lèvent le voile sur un phénomène prégnant mais diffus qui empoisonne le milieu politique congolais.

Conclusion : Les violences faites aux femmes sont des problèmes de santé publique persistants dans les milieux politiques. Les témoignages recueillis dans le cadre de cette étude montrent que l'environnement politique Congolais est caractérisé par plusieurs situations de violences qui touchent les femmes politiques. Plus nous en savons sur ce sujet et en comprenons les causes, mieux nous sommes équipés pour agir et mettre en place des mesures réalisables, adéquates et efficaces pour les combattre, notamment un arsenal légal et règlementaire.